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L’ENVERS DU JOURNALISME

il n’avait pu se résoudre à aller. Il mit tant d’entrain et de brio dans sa rédaction que Dorion s’aperçut immédiatement du truc.

Il demanda à Martin s’il y était allé et Martin répondit, sans conviction, que oui.

L’affaire en resta là, mais, à quelques jours d’intervalle, Dorion fut bien heureux de voir Martin répéter son exploit, cette fois dans l’intérêt de Dorion.

Une assemblée politique avait lieu, un soir. À quatre heures, au moment où les reporters quittaient la salle de la rédaction, Dorion dit à Martin : « il y a une assemblée, ce soir, au Monument National. Je voudrais que vous me fissiez un compte rendu. C’est une assemblée libérale, le « Canada » aura un bon compte rendu, demain ; ce n’est pas absolument nécessaire que vous y alliez, si vous n’en avez pas envie. Vous ferez votre compte rendu d’après le « Canada ». »

Martin remercia Dorion de sa permission et passa tranquillement la soirée chez lui.

Le lendemain, il fit un compte rendu très convenable, en utilisant celui du « Canada ». Il avait à peine fini que le propriétaire du journal monta à la rédaction et demanda à Dorion : « avez-vous envoyé quelqu’un, hier, au Monument National ? » — Il était allé à l’assemblée il n’y avait vu aucun représentant de son journal.

L’instant était critique et la moindre indiscrétion de Martin pouvait occasionner une explosion dangereuse. Dorion dit à Martin : « vous êtes allé