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L’ENVERS DU JOURNALISME

sa d’autres découpures. Elles arrivaient dru, les unes après les autres, si bien que quand Martin eut fini, il était près de dix heures.

Les reporters partaient pour les postes qui leur étaient respectivement assignés, pour aller recueillir les nouvelles du jour. L’un s’en allait au Palais, l’autre à la morgue, un autre aux quartiers généraux de la police, un autre à la bourse. Martin, qui ne connaissait pas encore le fonctionnement des rouages d’un journal, se demandait où ils allaient et ce qu’il deviendrait lui-même.

Dorion le tira d’embarras. « Vous allez aller à la cour du recorder », lui dit-il.

Martin se tenait devant lui, hésitant, attendant quelques instructions. Comme elles ne venaient pas, il demanda : « qu’est-ce que je vais aller faire là ? »

— Vous regarderez ce qui s’y passera et vous écouterez ce qui s’y dira, et aussitôt que la cour sera ajournée, vous reviendrez ici écrire ce que vous aurez vu et entendu.

Martin aurait bien voulu demander quelques explications additionnelles sur la manière de faire le travail, mais il ne l’osa pas. Il prit le crayon et le calepin que lui tendait Dorion et il s’en alla avec Lemire, le reporter de la police.

Le long de la route, Lemire lui dit obligeamment ce qu’il aurait à faire. Les ivrognes et les noctambules ramassés par la police comparaissaient à tour de rôle devant le recorder. Il fallait noter le nom de chacun, rapporter ce qu’il dirait et ce que les témoins raconteraient sur son compte, résumer les paroles du recorder et, enfin, dire quelle avait été la sentence. « Naturellement », conclut Lemire,