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L’ENVERS DU JOURNALISME

nation sur ceux des échevins dont il a été question pendant l’enquête ? »

Comme on n’était pas désireux outre mesure, à l’hôtel-de-ville, de donner beaucoup de publicité au rapport, on décida d’en faire imprimer un nombre restreint de copies pour les membres du conseil. Le rapport officiel du juge Cannon, envoyé de Québec au greffier de la cité, fut donc confié à l’imprimeur, avec instruction de n’en pas dévoiler le contenu aux journalistes.

Mais c’était un document trop important pour que les journaux ne tentassent pas de se le procurer. On pouvait corrompre quelque typographe de l’atelier ou il s’imprimait ou bien l’obtenir de Québec, où il y en avait des copies.

Quel moyen mystérieux fut pris, on le saura jamais, — car les journalistes se font un point d’honneur de ne pas trahir ceux qui leur donnent des renseignements, — mais une chose certaine, c’est qu’à huit heures du soir, un vendredi, le journal de Martin était en possession du texte du rapport, apporté par Lachapelle.

La nouvelle, chuchotée de bouche en bouche, fut bientôt connue de toute la rédaction. Lachapelle fut accablé de félicitations, qu’il supporta bravement et sans dire où il avait pris le rapport.

Comme c’était une primeur d’un intérêt extraordinaire, on prit, pour s’en assurer la possession exclusive, des mesures aussi extraordinaires. Défense fut faite aux pressiers de laisser sortir aucune copie du journal, avant le matin. (On imprimait a-