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ALFRED.

Je reviens dans un instant. (Il se dirige vers le château.)


Scène IV.

GUIGNOL, seul.

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Maître, maître ! le v’la qui court comme un miron qui a pincé un morceau de boulli. Il est ben heureux de pouvoir courir… moi, mes picarlats[1] me portent plus. Qué différence de y a deux ans ! J’étais gras dans ce temps-là comme une petite caille… Mon maître avait la bourse bien garnite… & la cuisine était chenuse… Et que j’étais faraud !.. un habit qu’avait de galons, un bugne[2] idem, & des bottes à revers jaunes… A présent j’en connais d’autres revers, de toutes les couleurs… Ah ! il fallait voir comme je parlais fort au monde… Mossieu le marquis y est pas. — Il n’y est pas ? — Non, ganache ; il y est pas. — Tenez, mon ami, prenez ce louis, & laissez-moi lui parler. — Et allez donc ! Y en arrivait comme ça tous les jours des jaunets dans ma poche… Nous faisions de voyages dans tous les pays… avec une barline ; clic, clac ; ça marchait catégorichement… En Italie… Ah ! une soupière de macaronis, comme je la trouverais cannante à présent ! moi qui y faisais la grimace contre, dans ce temps-là… Et en Allemagne… Je mangerais tout de même un plat de chou-

  1. Mes picarlats : mes jambes. — V. le Portrait de l’oncle, t. 1, p. 117.
  2. Bugne : chapeau. — V. Les Valets à la porte, t. 1, p.288.