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deux rivaux qui se disputent la main de ma fille : Cadet & Guignol. Je l’accorde à Cadet, parce qu’il a servi & qu’il a douze cents francs… Mais j’avais quasiment promis à Guignol, & je voudrais m’en débarrasser… Vous qu’êtes sergent raccoleur, pourriez-vous pas lui insinuer qu’il faut qu’il s’engage, que c’est le seul moyen d’avoir mon consentement ?… Une fois engagé, vous le faites partir, & Madelon épouse Cadet.

LE SERGENT.

Papa Gnafron, vous êtes subtil… Et vous auriez fait un bon jardinier, je ne suis pas éloigné de le croire ; car vous cultivez la carotte avec supériorité… Mais c’est assez chatouilleux, ce que vous me proposez là. Si l’on vient à savoir que je me suis mêlé d’une affaire aussi entortillée, je serai cassé.

GNAFRON.

Nous sommes cousins, Hubert. Il faut bien faire quelque chose pour sa famille… Cadet & moi nous serons généreux… D’ailleurs, Guignol est trop dadais pour qu’il vous arrive malheur… & c’est pour son bien à ce jeune homme. Si vous en faites un soldat, ça le dégourdira, mille-z-yeux !

LE SERGENT.

Vous êtes crânement persuasif, père Gnafron… Je parlerai à ce jeune serin.