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le pot de confitures.

leurs peines… Moi, si j’étais maître, je voudrais point avoir de domestiques.

OCTAVE, revenant avec un pot qu’il pose sur la bande.

Tu vas porter cela à Mademoiselle Émilie… Aie bien soin de ce pot : il contient des confitures, mais des confitures de l’Inde, au bambou & à l’ananas… elles valent trois cents francs le pot… Va & reviens au plus vite.


Scène VI

GUIGNOL, seul.

Des confitures de dinde & de trois cents francs le pot !… ça doit être un peu chenu… ça me fait la chair de poule de porter quéque chose de si bon… Oh ! je veux pas en goûter, j’ai promis… c’est sacré… Mais je peux ben les sentir… Si j’ai un nez, c’est pas pour en faire un tuyau de poële… (il met le nez sur le pot.) Oh ! qu’elles sentent bonnes ! qu’elles sentent bonnes ! ça sent la violette, la rose, le jasmin & le jus de saucisse !… Allons, allons ! emportons-les… (Il prend le pot.) Oh ! cette odeur me prend le nez ; ça me met sens dessus dessous. Elles doivent être bien jolies… si je les regardais !… ça n’en ôtera pas ; & si on a des quinquets, c’est bien pour s’en servir. (Il ôte le papier.) Oh ! quelle jolie couleur ! couleur de pomme, couleur de vin… Elles me donnent dans l’œil ; ça me fait comme un rayon de soleil dans un siau d’eau… Allons, allons, pas de bêtises, emportons-les… (Il prend le pot.) Tiens, mon pouce qui y a touché ! mon pouce