Page:Mourguet - Théatre lyonnais de Guignol, tome 1.djvu/236

Cette page a été validée par deux contributeurs.

GUIGNOL.

Ah ! ouich ! je peux bien faire l’arbre fourchu, sans crainte de perdre ma monnaie… Et toi, pourquoi paierais-tu pas à déjeuner ?

GNAFRON.

Pourquoi ? c’est que je suis comme toi. Nos goussets se ressemblent comme deux frères bessons… J’ai ben rendu hier quatre paires de groles qu’on m’avait données à ressemeler, mais personne m’a pôné de pécuniaux… Ah ! vois-tu, c’est pas le Pérou que d’être cordonnier en vieux !… Nos parents ont bien eu tort ; ils nous ont pas donné des bons états.

GUIGNOL.

T’as raison, la saveterie & la tailleuserie, ça donne pas gros à boire… Il nous faudrait pouvoir trouver un autre état.

GNAFRON.

C’est ça, un état où y ait rien à faire.

GUIGNOL.

Comme te connais bien mon tempérament !

GNAFRON.

Ah ! si j’avais une vigne, v’là un bon état !… si j’avais une vigne, j’en aurais soin comme d’un enfant !…