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introduction.

œuvres que le dessin général, avec une petite partie des facéties retenues par la tradition. La mémoire de l’artiste est chargée de les compléter, & son imagination ne manque pas d’improviser fréquemment des ornements nouveaux. Il n’en est pas autrement du répertoire de Guignol. Et encore les canevas de ce théâtre qui existent dans le domaine public se modifient-ils incessamment. Mourguet ne conservait pas ses pièces en propriétaire jaloux ; il lui importait peu qu’un autre les jouât ; il était bien sûr que personne ne les jouerait avec sa verve & son inimitable accent. Aussi, même de son vivant, étaient-elles jouées par d’autres artistes à qui il les avait communiquées ou qui lui avaient servi d’aides. Ses enfants & petits-enfants les ont jouées, sans s’en disputer la propriété, & d’après les traditions de la famille, chacun d’eux y mettant d’ailleurs son cachet. L’œuvre primitive a ainsi forcément subi des additions, des retranchements, des modifications sans nombre, & elle a reçu l’empreinte d’époques très-différentes, ce qui, à la vérité, convient pleinement à ce genre dramatique où l’anachronisme égare doucement l’esprit du spectateur dans les domaines de la fantaisie.

À ce travail des marionnettistes de profession est venu se joindre celui des amateurs. À Lyon comme à Paris, comme en Italie, les marionnettes de société ont voulu vivre & ont vécu à côté des marionnettes de la rue & du café. Ce divertissement a le privilége d’appeler à lui tous les arts. Le peintre,