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introduction.

ami auquel il communiquait ses canevas. Il empruntait souvent à quelque ouvrage déjà connu l’idée principale de son œuvre, mais ce n’était là qu’un thème sur lequel il tissait une action originale. Les pièces les plus populaires, celles qui ont encore aujourd’hui le plus de succès, viennent de lui, &, à travers les nombreuses transformations qu’elles ont subies, elles gardent un cachet qui les rend très-reconnaissables.

C’est cette portion originale de la comédie guignolesque que nous voudrions sauver de l’oubli, en en publiant quelques échantillons, comme l’ont fait nos voisins pour leurs marionnettes nationales. Ces petites productions, encore si goûtées aujourd’hui, sont cependant menacées d’une disparition prochaine. Mourguet avait-il écrit ses pièces ? On l’ignore, & il n’est point resté de manuscrits qui puissent lui être certainement attribués. Les théâtres de Guignol n’ont commencé à avoir de manuscrits proprement dits qu’au jour où l’administration municipale a exigé que les pièces lui fussent soumises avant la représentation. Ces manuscrits eux-mêmes ne contiennent que de simples canevas. Le répertoire de toutes les marionnettes du monde appartient au genre que les Italiens nomment Commedia dell’arte. Appelée à égayer le salon & la rue, la Muse légère qui préside aux burattini de toute espèce, ne peut leur tracer à l’avance qu’une voie large dans laquelle chaque récitateur aura, suivant le temps & le lieu, la plus grande liberté de mouvement. L’écriture ne conserve jamais de ses