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BERTRAND.

Ce que j’ai à vous dire est tout à fait secret. Voulez-vous me faire le plaisir de descendre ?

GUIGNOL.

Vous voulez que je dégringole ? Me v’là ! Rien que le temps de couvrir ma pièce.

BERTRAND.

(À part.) Voilà l’homme qu’il me faut ! (À Guignol, qui est descendu.) Vraiment, Monsieur Guignol, depuis le temps que nous habitons porte à porte, je ne comprends pas que vous ne soyez pas venu me voir.

GUIGNOL.

Ma foi ! M’sieu, j’ai pas osé ; la distance est trop grande.

BERTRAND.

Pas du tout ; il n’y a que la rue à traverser.

GUIGNOL.

C’est vrai, mais y a la distance des picaillons[1].

BERTRAND.

Oh ! cela ne fait rien entre voisins ; vous pouviez bien venir me faire payer une bouteille de vin.

  1. Des picaillons ; un des nombreux synonymes qu’emploie Guignol pour désigner l’argent. Il y a sur cette matière autant de richesse dans son langage que de pénurie dans son gousset.