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le portrait de l’oncle

suis un brave garçon. Ne faites pas pour l’un plus que pour l’autre.

DÉLICAT.

Monsieur Guignol, cette supposition m’offense. Dans la famille des Délicat, nous sommes notaires de père en fils depuis dix-sept générations… & toujours nous avons pesé les actions de notre ministère à la balance de la plus rigoureuse justice… Ma clientèle embrasse tout ce qu’il y a de plus considérable dans le pays. Je suis membre du Conseil municipal, du Conseil de fabrique, de la Société d’agriculture, d’horticulture & de pisciculture, de la Société de pomologie, d’archéologie & de géologie… décoré de plusieurs médailles au Comice agricole… & vous croyez que je laisserais la corruption entamer ce trésor d’honneur, amassé par les années, par le travail & par l’intégrité la plus incontestée ?…

GUIGNOL.

(À part.) Ah ben ! j’ai joliment mis cuire ! (Haut.) Monsieur Délicat, j’ai pas eu l’intention de vous offenser ; faites pas attention à ce que je vous ai dit. Je vas vous mener vers mon oncle.

DÉLICAT.

Je vous suis, Monsieur Guignol. Soyez persuadé que je respecterai scrupuleusement les volontés de Monsieur Durand & que je n’exercerai sur lui aucune influence. (Guignol entre avec lui chez M. Durand, & en sort aussitôt. — Guillaume en sort un instant après.)