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GUIGNOL.

Je sais pas, il est allé à son auberge ; il va apporter sa malle. Je crois ben qu’elle n’est pas ben lourde. Pauvre garçon ! il est comme moi, il y a de la place dans son gousset.

GASPARD.

Mais tu te trompes, Guignol. Jérôme est riche, très-riche ; millionnaire peut-être.

GUIGNOL.

Oh ! pour ça, c’est pas vrai.

GASPARD.

Je viens de l’apprendre, j’en suis certain.

GUIGNOL.

On t’a tiré une craque ; je te dis que c’est pas vrai. S’il était riche, il aurait plus son air bon enfant des autres fois. S’il était riche, il m’aurait pas tutoyé, il m’aurait pas appelé son frère. S’il était millionnaire, il aurait fait comme toi ; il m’aurait jeté quelques écus pour que je porte plus le nom de notre père ; ou ben, il l’aurait quitté, lui, ce nom, pour se faire noble à la douzaine… Il m’aurait défendu de me présenter devant lui, en me menaçant de me faire jeter à la porte par ses gens… Va, va ! je te dis qu’il est pauvre ; il m’a embrassé de trop bon courage, & en pleurant encore… Te ne pleures pas comme ça, toi ; t’es riche. (Vers la fin de cette scène, Jérôme a paru dans le fond avec Victor.)