Page:Mourguet - Théatre lyonnais de Guignol, tome 1.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.
xj
introduction.

ville nommée Chignolo ; & je me suis souvent demandé s’il n’avait pas existé jadis à Lyon un artisan, un ouvrier en soie peut-être, originaire de cette ville lombarde, qui se serait rendu célèbre par son caractère, par sa gaité, par ses saillies, & qu’on aurait nommé ordinairement du nom de son pays, comme il est d’usage en France & en Italie, où les ouvriers s’appellent souvent entre eux Parisien, Bourguignon, Piémontais, au lieu d’employer le nom de famille[1]. Ce qui me rendait cette conjecture plus probable encore, c’est que dans les anciennes pièces de son répertoire, les camarades de notre héros, tout en l’appelant Guignol, ce qui est conforme à la prononciation italienne de Chignolo, l’appellent souvent aussi Chignol ce qui est conforme à l’apparence écrite du même mot pour un Français.

Toutefois, ce n’est là qu’une conjecture. Je viens d’en exposer les motifs ; je dois ajouter qu’elle est contredite par les traditions actuelles des interprètes les plus autorisés de Guignol. Il faut maintenant faire connaître ces traditions.

On n’a pas souvenir de l’existence de Guignol à Lyon avant les dernières années du XVIIIe siècle. C’est un lyonnais, Laurent Mourguet, dont je parlerai plus amplement tout à

  1. Beaucoup d’artistes sont célèbres en Italie, sous le nom de leur ville natale ou de la ville dans laquelle ils ont le plus travaillé, tandis que leur nom de famille est à peu près inconnu. — Ainsi, l’architecte Vignola, dont le nom était Giacomo Barozzi ; les peintres Corrège, Antonio Allegri ; Caravagio, Polidoro Caldara ; Sassoferrato, Giov. Battista Salvi ; etc.