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« Âme misérable, va avec ta chair, va te confesser au Créateur de toutes choses, tremble à la vue de ton abrutissement passé, va offrir à Dieu des larmes sincères de pénitence. » Tel est le prélude des lamentations de saint André de Crète, et le chœur qui personnifie tous les assistants, répond à chaque verset d’une voix plaintive : « faites-moi miséricorde, mon Dieu, faites-moi miséricorde ! »

Puis de sa bouche découlent des paroles accusatrices pleines d’amertume, mais en même temps d’une portée spirituelle très-élevée :

« Nous nous sommes empressés d’imiter dans son crime notre premier père Adam : ainsi que lui, nous avons reconnu notre nudité devant Dieu ; au lieu d’une Ève réelle, nous nous en sommes créé une autre en pensée, par notre concupiscence, qui attire par la saveur du fruit, pour ne nous en laisser que l’amertume. Nous avons surpassé Caïn dans le meurtre, en nous faisant les meurtriers de la conscience de notre âme, et nous n’avons pas à offrir à Dieu comme Abel un sacrifice pur et une vie sans reproche. »

« Cieux, prêtez l’oreille, et je parlerai ; terre, dictez-moi des accents de repentir et de louanges à Dieu. »

« Mon âme, c’est toi, toi seule qui a ouvert toutes les dignes qui retenaient la colère de Dieu ; tu es cause qu’elle a submergé mon corps et mon existence, comme jadis fut submergée la terre et tout ce qui était en dehors de l’arche du salut. »

Après cet effrayant tableau du déluge de nos passions, il appelle l’âme misérable, qui n’a point hérité