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saintes, avaient l’habitude de consacrer la première semaine du carême à la retraite et au silence. Comme en toute entreprise difficile, le premier pas est toujours d’une grande importance, plusieurs d’entre eux s’éloignaient même dans les déserts les plus sauvages pour y passer tout le temps du carême. Nous avons aussi conservé l’antique et pieux usage de se visiter pendant la semaine du carnaval pour se demander mutuellement pardon de nos fautes, avant de faire pénitence, mais cet usage a dégénéré en festins, divertissements et promenades.

Un grand et pieux solitaire, saint André de Crète, compatriote et presque contemporain de saint Jean Damascène, que ses vertus firent remarquer dans la Palestine d’abord, puis comme apôtre de la foi au concile œcuménique de Constantinople, et finalement sur le siége archiépiscopal de Crète, saint André, dis-je, composa, dans le silence de sa caverne, un admirable cantique de pénitence, que l’Église a accepté avec amour. Elle en a prescrit la lecture deux fois pendant le cours du grand carême, parce qu’il exprime fidèlement la contrition d’âme du vrai chrétien. On le lit par sections aux complies des quatre premiers jours de la première semaine, puis en entier à l’office matinal du jeudi de la cinquième semaine ; cette fois, on y ajoute encore un petit cantique à l’honneur de Marie d’Égypte, ce modèle de perfection offert à tout pécheur repentant, qui veut se convertir avec le secours de la grâce.