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pendu nos harpes, et ceux qui nous avaient emmenés en captivité, nous ont demandé le chant de nos hymnes. Ceux qui nous ont traînés captifs, nous ont dit : Chantez-nous un des cantiques de Sion. — Comment chanterons-nous le cantique du Seigneur sur une terre étrangère ? Si je t’oublie jamais, ô Jérusalem, que ma droite s’oublie elle-même ! Que ma langue s’attache à mon palais, si je cesse de me ressouvenir de toi, si je ne me propose toujours Jérusalem, comme premier objet de ma joie ! Souvenez-vous, Seigneur, des enfants d’Édom au jour de Jérusalem, lorsqu’ils s’écriaient : détruisez, détruisez-la jusqu’à ses fondements. Et toi, malheureuse fille de Babylone ! heureux celui qui te rendra les maux que tu nous a faits ! heureux celui qui saisira tes enfants et les brisera contre la pierre ! »

Ce cantique, quand il ne serait considéré que comme une simple complainte arrachée par le souvenir et les regrets, est déjà rempli de force et de sentiment ; il est bien plus sublime encore dans son sens symbolique. Babylone signifie confusion : elle est une image du mélange des innombrables passions et des péchés qui inondent le monde, et qui en circonvenant l’âme inattentive et distraite, la tiennent prisonnière et la subjuguent. Jérusalem, ville de paix, figure l’état d’une âme, recueillie au sein de la distraction et adonnée à Dieu, autrement dit : c’est la paix d’une bonne conscience, que la pénitence a purifiée. Ô mon cher ami ! n’oublions point cette Jérusalem : efforçons-nous de ne la point oublier. L’expression : briser les enfants