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il a été injustement éprouvé, celui qui éprouve les cœurs et les entrailles ; il a été enfermé dans une prison, celui qui a fermé l’abîme ; il a paru devant Pilate, celui devant qui les puissances célestes ne paraissent qu’avec effroi : le Créateur a été frappé par une main créée ; il a été condamné an supplice de la croix, celui qui est le juge des vivants et des morts ; il est descendu dans le sépulcre, celui qui a détruit l’enfer ! Ô Seigneur infiniment clément, qui supportez tout avec miséricorde et qui nous sauvez tous de la malédiction, gloire vous soit rendue ! »

Pendant la lecture des livres de la Bible, les prophètes Moïse et Isaïe se présentent comme dans une lutte spirituelle, s’opposant mutuellement, l’un la gloire inénarrable, l’autre l’humiliation indicible du Seigneur ; mais ces grandes antithèses ne sont que supposées : elles se confondent dans l’incommensurabilité de l’essence infinie de Dieu ; pour l’esprit borné de l’homme, l’état d’humiliation et l’état de gloire du Seigneur lui sont également inappréciables. On ne peut se livrer à cette contemplation que de loin et dans le silence d’un saint effroi, car Moïse, le plus hardi de tous ceux qui ont fait usage de la prière, ayant audacieusement supplié Dieu de lui montrer sa gloire, a dû cacher sa face au milieu des rochers du mont Sinaï, parce qu’il n’osait envisager la splendeur de l’Éternel. Et le tendre Isaïe, huit siècles avant l’incarnation du Sauveur, avait employé toutes les forces de l’esprit à pouvoir endurer la vue de Dieu, qui avait pourtant affaibli l’éclat de sa lumière