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celui-là sera jugé digne d’un plus grand supplice, qui aura foulé aux pieds le fils de Dieu, qui aura tenu pour une chose vile et profane le sang de l’alliance, par lequel il avait été sanctifié, et qui aura fait outrage à l’Esprit de grâce ? — C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant. »

L’oreille et le cœur sont encore pleins de ces profondes impressions, quand toutes les déchirantes circonstances de la mort douloureuse du Seigneur sont de nouveau représentées au grand office de vêpres, à l’heure où ce sacrifice a été consommé, car chez les Hébreux, comme de nos jours encore dans l’Orient, les heures de la journée se comptaient à partir du lever du soleil ; c’est pourquoi la sixième heure, celle du crucifiement, correspond à midi, et la neuvième heure, celle de la mort du Sauveur, devient la troisième, de sorte que nous nous préparons à ensevelir le corps divin à la même heure que jadis Joseph d’Arimathée ; avant cet instant nous nous y préparons par quelques chants mystiques et des lectures de la Bible.

« Toute la création est bouleversée d’épouvante, ô Jésus, en vous voyant suspendu à la croix ! Le soleil s’est obscurci, la terre a été ébranlée jusque dans ses fondements ; tout compatissait à celui qui a tout créé. Gloire à vous, Seigneur, qui avez bien voulu souffrir par amour pour nous ! » Ainsi parle une antienne ; une autre lui répond :

« Un mystère effrayant et glorieux se manifeste en ce jour : il a été touché, celui qui nul ne peut saisir ; il a été lié, celui qui a délié Adam de la malédiction ;