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L’EMPIRE DE L’AIR.

Et les œufs, ce jour-là, ont-ils été nombreux ?

J’avoue ne pas m’en être inquiété ; j’aurais sacrifié toute la basse-cour à une belle démonstration. Au reste, quand on veut arriver à savoir, il faut faire ce qu’il faut pour cela, et même saccager les poules au besoin.

Ce sont mes pauvres pigeons qui en ont vu de terribles ; ils ont été mis à toutes les sauces : ailes courtes, longues, demi-longues, étroites et longues, étroites et courtes ; ailes agrandies avec des rémiges d’oiseau de proie, soudées d’une manière très solide à l’étau et à la colle-forte.

Voici ce qui arrive lorsqu’on change la forme de la surface active d’un oiseau. Comme il a la prescience de son vol particulier, il vole à sa manière habituelle ; mais ses organes ne sont plus disposés pour produire ces effets coutumiers, ils sont taillés de manière à en produire d’autres. L’oiseau se trouve donc, par ses habitudes et son instinct, avoir un vol, et par sa disposition nouvelle en avoir un autre. Cette dernière le rappelle à chaque instant à la nécessité du moment ; le besoin l’amène, bon gré mal gré, à voler comme vole le type qu’on lui a donné.

Ainsi, un faucon crécerelle qui avait son nid près de mon observatoire eut les rémiges coupées de moitié juste : c’était le transformer forcément en rameur. Je lui rendis la liberté, et comme il resta sur son territoire de chasse, j’eus toutes les occasions poseles de l’étudier. — Quoique bien gêné il n’était cependant pas trop malheureux ; ses proies lui échappaient bien quelquefois, mais il remplaçait les moyens qui lui manquaient par une activité qui suppléait à ses nouveaux défauts. — Il était facile à remarquer, car