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EFFETS PRODUITS PAR L’AGGLOMÉRATION.

ciels de l’orient tout or et azur. On voyait avancer lentement cette masse ; de temps en temps un battement partait du sommet de ce triangle irrégulier et se propageait le long de ces immenses lignes. — Ces oiseaux avançaient lentement ; la masse se divisa en deux parties, qui prirent chacune la disposition angulaire.

Ce n’est rien qu’une bande d’oiseaux qui passe, cependant cela produit toujours un effet intense, même sur les indifférents ; généralement leur apparition vous cloue sur place, on s’arrête à les regarder, et on se souvient longtemps de ce spectacle.

Les pélicans en ordre de voyage donnent à leur vol la forme d’un coin, ils ont de loin la tournure d une pointe de flèche. Ils se meuvent avec une lenteur curieuse et une régularité qui rappelle la marche des machines qui rabattent le fer. Ces énormes palmipèdes sont aussi quelquefois bien empoignants. Je me souviens d’en avoir vu un jour un vol sur le Nil, descendre de là haut, où ils paraissaient gros comme des hirondelles, et venir se poser à 200 mètres de ma dahabieeh, sur une de ces îles de boue gélatineuse, particulières à ce fleuve. Je les suivais à la lunette dans toutes leurs évolutions ; ce spectacle dura bien une demi-heure. Quel étonnant spectacle ! Qu’ils étaient beaux ces énormes oiseaux dans leurs tournoiements dans les nues ! — À cette distance on entendait le sifflement de leurs ailes tranchant l’air, leurs cris rauques ayant quelque ressemblance au braiement de l’âne ; et, jusqu’au claquement de leurs larges pattes venant frapper cette boue liquide.

C’est malheureusement un spectacle que, même quand on vit sur le Nil, on ne voit que rarement.