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L’EMPIRE DE L’AIR.

Il faut, à ce propos, remarquer que chez beaucoup d’oiseaux le sentiment géographique est tout simplement donné par la vue. De mille mètres en l’air on a un vaste champ d’observation. L’oiseau qui est à 500 mètres voit sur mer la côte basse à plus de 50 kilomètres devant lui ; si le temps est clair, une grande montagne se distingue du double.

Ce qu’on a mis sur le compte de la prescience n’est-il pas un fait tout simple ? On objectera que, dans le temps de brouillard, leurs yeux ne peuvent les guider ; c’est exact, mais qui peut affirmer qu’ils arrivent bien tous à destination : la mer est le grand piège aux oiseaux : les poissons mangent plus de gibier que les chasseurs. — La meilleure preuve que ces pauvres voyageurs s’égarent souvent, c’est qu’au moment des passages tous les bâtiments sont des refuges : et ce ne sont pas seulement les petits oiseaux qui demandent asile, ce sont de fins volateurs comme des pigeons, des faucons, des tourterelles, qui arrivent tellement exténués qu’ils se laissent prendre à la main.

Quelle est la vitesse de l’oiseau en voyage ?

Là encore point de réponse sûre ; cependant, d’après ce qu’on peut observer, il ne semble pas voler plus vite dans cette circonstance que quand il est au-dessus de la terre ferme.

La force et la direction du vent sont des facteurs qui font varier la vitesse de translation de l’oiseau du simple au décuple. Il est à espérer pour eux qu’ils tiennent compte de ces accidents atmosphériques, et que quand ils sont surpris par un orage, c’est que par suite de la grande distance parcourue et du changement de climat ils n’ont pu le prévoir. En