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VOYAGES DES OISEAUX.

tions que ceux de notre pays ; ils ont l’Italie et Malte d’un côté, et la Grèce, Candie et la côte de Syrie de l’autre, tandis que les nôtres n’ont que les Baléares : s’ils manquent ces îles, ils sont en danger.

Comment ces malheureuses marouettes font-elles pour fournir une aussi longue traite ?… Tous ceux qui ont navigué sur la Méditerranée au moment des passages ont pu rencontrer ces pauvres passereaux exténués, qui viennent demander un quart d’heure de repos à l’île mouvante. — Les cailles ont une bravoure qu’on ne leur supposerait pas : on les rencontre par petits groupes de cinq ou six individus, rasant l’eau, présentant légèrement le ventre à la brise, et ramant avec une raideur et un entrain remarquables : mais, quand elles arrivent, comme il est temps ! et quelles courbatures !

Les hirondelles ne changent pas de manière d’être pour se dépayser. Ainsi, le martinet chasse en voyageant tout comme s’il était dans la contrée où est son nid, c’est sa vie de tous les jours ; seulement ses évolutions ont un sens général.

Une espèce qui s’embarque sans le moindre souci pour cette dangereuse traversée, c’est le canard. Il est bien plus à son aise que les chouettes, les faucons et même les aigles. Nous avons vu cependant une paire de ces derniers traverser la mer en face du Benghazi avec une fière crânerie. Ils ont gagné la hauteur en décrivant des ronds, puis ont piqué droit sur la terre d’Afrique sans donner un coup d’aile ; mais il faisait si beau ce jour-là qu’ils volaient sans aucune crainte ; puis, peut-être leur assurance venait-elle de la vue de la terre, qui, visible de la hauteur où ils étaient, ne l’était pas pour nous.