Page:Mouillard - L’empire de l’air.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63
ACTION DE LA VITESSE.

puis s’étira les ailes. Alors il me montra que j’avais sainement réfléchi.

Prenant sa course en battant des ailes, qui n’étaient pas gênées par les herbes, il parcourut ainsi une centaine de mètres, portant de moins en moins sur les pieds, puis seulement sur les ailes, mais toujours rez terre. Enfin d’un seul bond, en prenant le vent, il s’enleva à vingt mètres, revint sur moi, et là me dit : Souviens-toi, cher sauveur, que dans la Direction aérienne, la question de base est la vitesse.

C’est certainement ce que j’ai bien compris ; et depuis lors je me suis de plus en plus persuadé de la justesse de ce principe.

Vitesse, toujours vitesse, produite par la chute, produite par le courant d’air, par le battement si on veut, c’est toujours la puissance qui soutient et hors de laquelle l’air ne porte plus.

C’est cette résistance de l’air, cette difficulté qu’il éprouve à céder rapidement qui permet au boumerang australien de revenir vers celui qui l’a lancé.

Le boulet qui, quoique sphérique, ricoche sur l’eau comme il le ferait sur une plaque de métal, trouve une résistance basée sur le même ordre d’idées.

En allant plus loin, l’astéroïde qui est déviée de sa course et rebondit sur les parties les plus ténues de notre atmosphère éprouve une résistance qui provient de la même source. Cet air, malgré sa raréfaction poussée à la dernière limite, a encore assez d’inertie pour supporter le bolide qui a souvent un poids énorme. — Tandis que ce même air, au niveau de la mer, à 0,760 de pression, pesant lgr,03 le litre, cède si facilement, si on l’attaque lentement, qu’il sera incapable de porter quoi que ce soit.