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L’EMPIRE DE L’AIR.

haut. — Il prit son vol, piqua une tête contre un mur et s’assomma.

Vexé, j’en pris un second, et le montai au premier étage. — Ce second était malade, il se laissa choir si stupidement que je le donnai aux chiens.

J’en pris un troisième, et je jurai de voir ce jour-là un procellaria au grand vol. Pour cela faire, je le montai au sommet de mon observatoire, qui dépassait le toit de la maison de plusieurs mètres. — De là je le projetai au large. Ce pauvre diable d’oiseau n’eut pas plus de chance que les autres : il battit fortement des ailes, s’abaissa, et, au moment où je le croyais sérieusement en route, rencontra un poteau et se brisa une aile.

J’avoue que je n’étais pas content de mon emplette, et il y avait de quoi. Dépenser de l’argent pour donner la liberté à des captifs, se creuser la tête, les monter au cinquième et ne réussirà rien, c’était du guignon.

Il en restait encore un, dernier espoir. Je m’étais mis dans la tête de voir cet oiseau en plein vol, et je ne voulais pas cette fois manquer mon coup.

Je réfléchis longtemps ; enfin, il me vint une idée : voici.

Il y avait à un kilomètre de la ferme un terrain nu, sans herbe ; le sol était plat comme une glace. Je trouvais que ces conditions avaient une certaine similitude avec la surface de la mer par un temps calme.

J’y transportai le no 4, qui avait l’air rigoureusement aussi inepte que ses trois devanciers. — Je le déposai sur cette immense aire et m’éloignai. — Il ventait frais de l’ouest. Notre animal resta couché un bon moment, finit par mettre le bec au vent,