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VOL DES VOILIERS.

travers-avant, c’est toujours un apport d’action ; c’est toujours un lancé, une poussée qui lui est imprimée par une force étrangère à lui-même, et dont il profite ; ou une économie de parcours, qui se traduit encore à son avoir par un exhaussement.

Mais, au fait, toutes ces explications ne sont utiles que pour les curieux ; elles ne prouvent ni ne déjugent rien : qu’on comprenne, qu’on s’explique mathématiquement une manœuvre ou qu’on n’y parvienne pas, le résultat est le même ; il n’en reste pas moins la leçon du maître omnipotent, omniscient, qui dit : Si vous me comprenez, tant mieux ; si vous ne me comprenez pas, tant pis ; mais en tous cas, c’est comme cela que cela s’opère !… Je vous le démontre la journée entière, non pas dans les ténèbres, mais en pleine nue ; et si vous ne voulez pas profiter de la leçon, c’est que vous avez juré de ne jamais venir me rejoindre.

Ainsi agit l’oiseau !

Et que peut faire une formule qui n’arrive pas à bien ! — Que peut faire une explication plus ou moins limpide ? — Peut-il rester un doute quand la preuve du fait est palpable et visible à tous les instants : — l’oiseau n’est pas sorcier, il ne viole pas les lois de la nature ; nous ne nous expliquons pas ces mille décompositions de force d’une manière rigoureuse parce qu’elles sont compliquées comme le mouvement et la vie ; — mais elles nous sont démontrées à chaque instant, et c’est une invite constante à soumettre notre vie à cet exercice, qui ne doit pas plus être au-dessus de ses moyens que les exercices d’équilibre que notre organisme opère inconsciemment à chaque instant de l’existence.