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DE L’OBSERVATION.

lutte permanente comparée à la sécurité absolue.

Que craint l’homme ? Rien, l’orage et son semblable : en temps de paix ce dernier est négligeable ; quant à l’orage, rien ne le force à l’affronter.

Pour l’oiseau, c’est tout différent ; il peut être obligé, à chaque instant, de prendre l’air, et rondement ; il lui faut donc une puissance énorme pour pouvoir fuir à toute vitesse par des temps impossibles.

Au reste, cette puissance est proportionnelle aux besoins.

Comparons deux grands oiseaux voiliers, l’aigle et le vautour ; la différence de genre de vie amène la différence de facultés. — Ils n’ont qu’un ennemi tous deux : c’est l’homme ; seulement, l’un vit de proies vivantes, et l’autre de cadavres. — Pour exister, le premier est obligé de chasser, de combattre un animal, qui, s’il ne se défend pas, développe en place toutes les facultés pour fuir. Aussi son vol est-il puissant à l’extrême : il bat l’air comme un rameur, ses exercices sont variés ; c’est le faiseur de tours de force.

Le vautour au contraire ne craint pas grand’chose, tout au plus un coup de fusil de quelque curieux, quand il s’en rencontre dans son pays ; et cette catégorie d’hommes a toujours un costume insolite, qui éveille de loin son attention. Il n’a, en résumé, besoin pour vivre que de pouvoir distinguer de très loin un animal mort. Aussi que sait-il faire ? Monter très haut, pour de là voir très loin, s’y maintenir sans fatigue, descendre lentement après avoir bien étudié les lieux et s’être assuré qu’il peut se poser sans danger, qu’il ne sera pas surpris, et surtout obligé de repartir précipitamment. — Aussi son vol s’en ressent : pas de dépense de force, c’est le roi des flâneurs, toujours