Page:Mouillard - L’empire de l’air.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
24
L’EMPIRE DE L’AIR.

Quel profit tirer d’un modèle qui n’est pas imitable en grand ? — Il est impossible de reproduire mécaniquement sur de grandes proportions un insecte, un moineau, ni même un pigeon : en quelle matière construire un appareil capable de supporter des battements aussi énergiques que ceux que produit le moineau par exemple ? L’acier n’est pas assez nerveux par rapport à son poids.

Ensuite, pourquoi étudier ces animaux ? cette puissance, ils l’ont, ils s’en servent, mais elle ne leur a pas été donnée par la nature seulement pour voler, mais bien pour chasser, pour fuir ou pour lutter. — Puis, ne serait-il pas plus rationnel de s’adresser aux modèles faciles à reproduire qu’aux difficultés ? Imiter la nature dans ses tours de force est déjà très beau, mais vouloir la surpasser semble peu logique : car c’est vouloir la surpasser que de chercher à faire des appareils rameurs de cent kilogrammes, quand, elle, ne peut guère dépasser deux kilogrammes.

Le bon sens indique que quand on n’est pas fort il faut chercher à reproduire ce qui demande le moins de force. — Quels sont les oiseaux qui, quoique franchissant de grandes distances, le font avec le moins d’efforts ?… ce sont les grands voiliers.

Mais, objectera-t-on, ces oiseaux ont au contraire une force musculaire énorme ; les aigles, les vautours, sont construits pour pouvoir en dépenser beaucoup : cette puissance leur est donc indispensable ?

— Oui, certainement, ils ne peuvent même pas s’en passer pour soutenir la lutte pour l’existence : mais, entre vivre de la vie de l’oiseau, vie de combat, de peur, de chasse, et vivre de la vie de l’homme, qui, lui, ne craint rien, le problème n’est pas le même ; c’est la