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L’EMPIRE DE L’AIR.

une oasis. — La mer elle-même n’engloutira pas ce grand volatile de l’avenir très prochain, qui s’appelle l’homme. Il se jouera de son étendue, car sa science géographique sera bien plus grande que celle des oiseaux. Avec la boussole, le baromètre anéroïde, et tous ses instruments de précision, il se moquera du brouillard et de la nuit, il évitera les orages, et, grâce à sa science, maîtrisera l’élément aérien.

Aussi le globe n’aura plus de secret pour lui. Les pics inaccessibles seront foulés, les aiguilles abruptes seront visitées, le repaire de l’aigle arrivera à être à portée de sa main ; le Sahara, les grands lacs, et les pôles surtout seront déflorés. Figurez-vous donc, lecteurs, le pôle Sud et ses horreurs : les cétacés doivent grouiller là-bas, les terres doivent être une immense rokerie. Que de beaux spectacles ! que de richesses !

Et pour avoir tout cela, pour voir toutes ces belles choses, que faut-il ? étudier, comprendre, et se persuader. Puis, quand on aura compris, il faudra vouloir énergiquement — Il ne suffira pas alors d’avoir une de ces croyances platoniques qui laissent aux brouillards de l’avenir le soin de se dissiper quand bon leur semble, mais une foi robuste, active, s’acharnant contre la difficulté, la prenant violemment à bras le corps et la terrassant. Et cela, en jouant tout, sa vie, sa fortune, et même, ce qui est plus que tout cela, sa considération. Combien, hélas ! sont forcés par la nécessité, par les relations, de refouler au plus profond de leur cœur tout énoncé ayant trait à l’invention qui donnera la liberté à l’univers ; car il faut bien remarquer que la direction aérienne dotera la race humaine de plus de liberté individuelleque toutes les inventions réunies qui ont paru jusqu’à ce jour.