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DU VOL THÉORIQUE.

nomique de force, qu’il vient d’utiliser devant nos yeux ?

La réponse est simple : s’il y a un être pour qui, une fois en l’air, temps est, nous n’oserions dire urgent, mais vie, c’est bien l’oiseau. Ce sentiment est chez lui irréfléchi ; il est provoqué ordinairement par le grand excès de puissance qu’il possède, et comme rien n’est volontaire comme lui, il ne sait résister au désir et y court au détriment de sa force.

La simple comparaison des différents genres de vol est déjà un pas fait dans cette voie ; nous sommes arrivés à en choisir un comme plus abordable pour nous, et plus à portée de nos moyens d’imitation. Avançons encore d’un autre pas, et voyons dans les nombreuses manœuvres que fait notre type choisi, le grand vautour, quelles sont celles qui sont les plus faciles à reproduire et les plus avantageuses à notre individualité. Puis, tout en faisant ce choix, si nous rencontrons quelque bonne idée, analysons la froidement et sans timidité ; en l’exagérant, nous arriverons peut-être à quelque chose de nouveau.

Assurément que, lorsque l’homme sera arrivé à se mesurer avec les courants d’air, il apportera dans cet art son ingéniosité, qui lui permettra, non seulement d’imiter la nature, mais même de la dépasser. — Ainsi, il ne lui sera pas impossible de faire un voilier plus lent que le condor et l’oricou, et un rameur plus véloce que la sarcelle : il le fera en exagérant les qualités de ces vols différents. — Mais, où il brillera davantage, c’est dans l’étude approfondie de la science du vol. Il ne sera pas distrait comme l’oiseau par le besoin et la peur ; comme chez lui tout mouvement sera prévu et calculé, tout obstacle