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DE L’OBSERVATION.

Mais un spectacle émouvant (le mot n’a rien de trop énergique), c’est de voir un grand perchoir du Mokatan, où on peut se placer de manière à voir les gyps fulvus à cinq mètres, en plein vol.

Inutile de songer à décrire ce spectacle ! Quand ces énormes oiseaux passent aussi près de vous, on entend un frémissement étonnant ; ces vigoureuses rémiges vibrent comme des languettes ; elles sont retournées par les quinze livres qu’elles supportent, au point de former un quart de cercle.

Les gros vautours sont là quelquefois par centaines ; les percnoptères ne se comptent plus, ils font garniture, les milans se faufilent dans le tas et vont chercher une petite place ; et le grand corbeau (corvus corax) croasse, irrité de voir son domaine envahi. — Les coups de bec sont nombreux. Il faut une longueur de cou réglementaire entre chaque animal ; sans cela, un vautour lance au large son voisin, plus petit que lui. — Entre gros, ils n’ont guère plus d’amabilité : on les entend alors pousser leur espèce de cri qui ressemble il un sifflement, et le plus faible pique une tête, prend le large, et va recommencer ses études d’abordage, qui sont toujours longues et grandement étudiées.

Une de leurs manœuvres qui étonne toujours est la descente. Les gyps arrivent au-dessus du perchoir à la hauteur moyenne de leur vol, c’est-à-dire à 5 ou 600 mètres au moins. Arrivés à destination, ils tournent quelques minutes pour étudier les lieux, puis se décident à s’abaisser. L’aigle fond souvent comme un corps grave qui tombe : cela lui est possible, il est si puissant ; il peut maîtriser une vitesse de cinquante mètres à la seconde. Mais le grand vautour n’a pas