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DE LA RÉSISTANCE DE L’AIR À L’AVANCEMENT.

problème que : produire des courbes d’un boumerang, un dessous de navire heureux comme vitesse, un projectile dont la forme lui permet d’aller plus loin qu’un autre à charge égale ; toutes questions sur lesquelles les calculs ne pourront rien tant que les bases manqueront.

On en est donc réduit à l’intuition pure ; la preuve en est, qu’on voit des mathématiciens remarquables, en fait de constructions navales, faire des caisses, et des ignorants inspirés construire des bijoux, comme par exemple les embarcations de l’Océanie, ou, sans aller si loin, les biadés de Constantinople et les palangriés d’Alger.

Il y aura donc toujours des appareils réussis, et des constructeurs qui réussiront mieux que d’autres ; tout comme il y a des constructeurs de canots et de navires qui font de meilleurs marcheurs que leurs confrères.

La nature, au reste, n’est pas parfaitement explicite sur ce point délicat : ainsi, étudions-la seulement sur deux grands oiseaux, d’environ de même masse, l’aigle et le vautour ; nous la voyons arriver à la perfection, à la réussite parfaite, par deux moyens différents. L’aile de l’aigle est sensiblement semblable dans sa partie d’avant à celle des autres gros oiseaux. La partie qui fend l’air possède son plan de relèvement, formé par les deux premières plumes, et ce plann n’a de remarquable que sa rigidité. — Chez le grand vautour, le procédé employé est totalement différent ; dame nature n’a pas attaqué la difficulté en bloc, elle l’a tournée. L’acvant de l’aile, quand l’oiseau est en marche, offre le spectacle suivant : toutes les plumes se recourbent et s’étagent sous l’action de la pression du poids de l’ani-