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L’EMPIRE DE L’AIR.

tout en automne ; car, le chercher dans le nord de l’Afrique, dans des mois autres que septembre, octobre et novembre, est chanceux. Il y en a certainement quelques-uns à toutes les époques de l’année, mais c’est seulement dans ces trois mois que, soit par suite d’une émigration qui aurait lieu annuellement du sud au nord, soit pour d’autres causes ils sont en plus grand nombre. En tous cas, même dans les pays où il y en a beaucoup, ils ne sont pas abondants ; on peut rencontrer par hasard un vol d’une centaine, puis rester des années sans en revoir de près.

C’est malheureusement l’oiseau inconnu de cenx qui étudient, car certainement 99 personnes sur 100 ne l’ont jamais vu au vol. En Algérie, au Caire même, où pendant trois mois de l’année il y en a tous les jours au-dessus de la ville, la plupart des Européens ignorent son existence.

Mais, lorsqu’on se dérange pour aller où on le rencontre, lorsqu’on voit cet énorme animal, gros comme un mouton, s’élever d’abord péniblement, avec des battements dont les siflements s’entendent de 300 mètres dans le silence du désert ; lorsqu’on le voit ensuite décrire ses cercles sans fin, on a sous les yeux un spectacle intéressant : tout être humain est cloué sur place, l’Arabe lui-même est émotionné. On a rencontré en lui le mouvement sous un aspect dont on n’avait pas d’idée : c’est quelque chose de ressemblant comme majesté et curiosité à l’effet produit par une locomotive en marche.

Quand on voit voler un martinet, on songe il une mécanique ; quand c’est une bécassine ou une perdrix qu’on a sous les yeux, on éprouve l’impression d’un ressort qui se détend ; une mouette rappelle le mou-