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VAUTOUR FAUVE.

que quelques centaines de mètres ; un organe plus puissant serait sans emploi, et par conséquent atrophié au bout de quelques générations ; les oiseaux de mer étudient la surface de l’onde de quelques dizaines de mètres seulement ; ce n’est pas là non plus qu’il faut chercher ces lentilles parfaites, capables d’éteindre tous les rayons divergents.

Les oiseaux de proie chasseurs, tels que les faucons et les aigles, se permettent l’étude du sol souvent de fort haut ; ces derniers surtout chassent quelquefois de 4 à 500 mètres de hauteur. Mais qu’est-ce que cette distance comparée aux 5 ou 6 kilomètres et plus qu’il faut aux vautours pour étudier leur champ de recherche !

Il est judicieux de penser que le besoin constant de voir plus loin que les autres oiseaux leur a fait acquérir dans l’organe de la vue une perfection que les autres ne possèdent pas. Il faut donc absolument être invisible pour leur voir faire leurs évolutions extraordinaires, ou bien se trouver dans les pays sauvages où ils n’ontpas peur de l’homme ; et encore, là, avoir un costume qui soit couleur locale, sans cela ils ne descendent pas.

Pour les voir, les observateurs français doivent se déplacer ; il n’y a à proximité d’eux que les hauts plateaux de l’Auvergne centrale, les Alpes et les Pyrénées où on rencontre, mais très rarement, le gyps occidentalis, qui est en plus petit le sosie du fulvus.

Si le hasard n’intervient pas pour faire voir ce roi des planeurs, il faut lui venir en aide : la bête morte dans un endroit très isolé est le moyen suprême pour l’attirer. En traversant la Méditerranée et se rendant en Algérie, on est sûr, avec un appât, de le voir sur