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L’EMPIRE DE L’AIR.

de coutume, ont un galbe curieux qui ferait le bonheur des peintres s’ils connaissaient cet animal en liberté.

À cette construction particulière viennent se joindre des effets de torsion de rémiges qu’on ne voit que chez ces gros oiseaux. Il faut que les canons de ces plumes soient bien élastiques, car l’oiseau les soumet à de terribles épreuves. Dans les efforts qu’il fait en cherchant à s’enlever, dans certains coups de pectoraux bien appuyés, les pointes se dirigent juste au zénith : au reste, au point de vue de l’aspect, de la ligne, tous ces gros oiseaux en liberté sont excessivement intéressants. Il y a, rien que dans la reproduction de leurs allures inconnues des personnes qui ne les çntvus qu’en captivité, des motifs qui feraient le succès d’un peintre animalier.

Mais il faut la liberté ; autrement on n’a sous les yeux qu’un aigle immobile comme une borne, ou un vautour puant, qui s’ennuie il mourir, la tête engoncée entre les deux épaules : aspects qui n’ont rien de commun avec celui de ces deux rois des airs parcourant fièrement l’immensité des cieux.

Ce qui prive souvent l’observateur de ces évolutions intéressantes, c’est la peur. À la moindre appréhension ces gros oiseaux deviennent rameurs ; ils veulent rapidement se mettre hors de la portée du danger, et alors, développant toute leur puissance, c’est au plus vite et à grands coups d’ailes qu’ils se mettent à fuir.

La puissance de leur vue doit être énorme ; et il est rationnel de l’admettre, parce que ces oiseaux sont, de tous les volateurs, ceux que leur genre de vie force à avoir la vue la plus longue.

Un passereau n’a pour champ de vision nécessaire