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VAUTOUR FAUVE.

avec le vent, à droite, à gauche, parcourent en une heure toute la contrée environnante pour voir s’il n’y a pas de bête morte plus facile a aborder, et font ce manège la journée entière ; produisent 20 ascensions de 1,000 mètres chacune, 100 lieues de parcours ; et tout cela sans avoir frappé l’air une seule fois.

Quand vous chasserez legrand vautour à l’affût, regardez-le venir dans les airs : il n’apparaît pas comme un gros oiseau ; à la hauteur où il voyage d’habitude, il a exactement la même grosseur que les milans et les percnoptères ; il ne fait pas plus d’effet qu’eux.

Vous le distinguerez cependant très vite à l’angle en avant formé par ses ailes, à l’absence de battement, et surtout à la lenteur et à la régularité avec lesquelles il se meut dans l’espace : c’est là un signe infaillible pour le reconnaître à perte de vue. Sa grandeur ne se comprendra que bien plus tard, lorsqu’il ne sera plus qu’à 2 ou 300 mètres ; et, à partir de cel^e distance, il croîtra avec le rapprochement beaucoup plus que les autres oiseaux.

Vous le distinguerez encore à la forme particulière des bouts de ses ailes. — On peut dire que c’est l’oiseau qui a les rémiges les plus écartées les unes des autres : il y a à l’extrémité, entre chaque plume, un espace vide de cinq largeurs de plume.

Puis encore à une autre particularité : la rémige, au lieu d’aller en s’effilant vers la pointe, est construite d’une manière inverse ; elle semble implantée dans le corps de l’aile par le bout mince ; la pointe se trouvant sensiblement plus large que la partie qui semble s’attacher à l’aile et qui précède juste le grand élargissement des barbes.

Ces grandes plumes larges du bout, espacées hors