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L’EMPIRE DE L’AIR.

tempête, ils n’y sont plus, ils regagnent un abri et ne bougent plus. Cela vient de la grande largeur de leurs ailes, largeur nuinar le fort traînement qu’elle procure, dérange complètement leurs aptitudes de locomotion.

Pour résister aux grands courants d’air, il faut absolument ailes étroites : aussi observez les goëlands, les pétrels, les albatros ; par un vent à tout carguer, vous les voyez en pleine action chasser avec ardeur, se mouvoir avec facilité ; on comprend qu’ils sont dans leur élément : plus de battements ; ils sont alors plantés sur deux baguettes rigides, très arquées en dessous, effleurant la vague avec une précision étonnante ; la palpant même du bout des rémiges ; s’élevant et s’abaissant avec elle sans jamais se laisser atteindre. Ces mêmes oiseaux, par un vent de 5 mètres, une légère brise, sont obligés de rester sur l’eau, occupés à barbotter comme de vulgaires canards ; pendant que par ce.même vent les grands voiliers décrivent avec succès leurs immenses cercles qui les transportent sans fatigue à d’énormes hauteurs.

Le vautour est donc l’oiseau qui peut accepter comme sustention suffisante le plus faible courant d’air ; il est l’exagération de ce que nous pourrions dénommer le type de la station absolue.

Je l’ai déjà dit et je le répète, un grand vautour peut voler sans fournir un seul battement. J’ai vu le fait suivant, non pas une fois, mais des centaines de fois : aux abattoirs des villes d’Orient, les vautours sont là en grand nombre, attendant le moment propice pour se jeter sur leur pâture en se soutenant dans les airs sans battre une seule fois. Ils montent à perte de vue, ils redescendent à 200 mètres du sol, vont au vent,