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GRAND AIGLE FAUVE.

leurs petits une énorme consommation de gibier : les aiglons ont à un certain moment besoin de beaucoup manger, pour pouvoir fournir à la croissance des grandes plumes. La nature donne alors au père et à la mère une activité, qui heureusement pour les lièvres et les lapins du voisinage n’a rien de commun avec leur paresse habituelle. À ce moment, ce coup de feu qui dure un mois, ils n’ont pas de répit, les abords de l’aire sont ordinairement encombrés d’animaux en putréfaction : heureusement que les corbeaux ont l’œil à tout ce qui se gâte et l’audace d’aller le chercher jusque dans le nid de l’aigle.

Tout bien considéré, ils risquent très peu ; ils sont si adroits que, même dans un très petit espace, ils sauraient s’échapper. Le grand aigle fauve que j’ai possédé de nombreuses années avait toujours une pie avec lui, et il n’y a sorte de méchancetés que cette malicieuse petite bête n’ait faites à son terrible et taciturne compagnon. Ils ne s’en occupent pas plus que des mésanges qu’on peut voir a la lunette rôder jusque dans les branches qui forment l’extérieur du nid.

Les aiglons, à un mois et demi, sont gros comme père et mère. Leurs premiers vols sont assez timides. Les parents les suivent à ce moment avec une sollicitude toute particulière ; puis, petit à petit, quand le savoir du vol et de la chasse augmente, l’amour de la famille diminue, l’aire est abandonnée et chacun, peu à peu, finit par chasser pour son propre compte.

L’accouplement de ces oiseaux n’a rien de particulier : la femelle est toujours posée sur un arbre ou sur un rocher : le mâle arrive au grand vol, l’acte dure assez longtemps, puis le mâle repart toujours. — Ce qui attire l’attention, ce sont les cris stridents qu’ils