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L’EMPIRE DE L’AIR.

cet ensemble d’un galbe véhément fait de l’aigle un merveilleux modèle de puissance et d’audace.

Il est roi d’un territoire qu’il choisit toujours très vaste. — Tous les petits mammifères le redoutent ; les jeunes des grands animaux ont peur d’être vus de lui : le jeune chamois se blottit contre sa mère, les vieux boucs rassemblent le troupeau et frappent du pied avec fureur. L’homme même, enfant, a été l’objet de ses attaques.

Son intelligence n’est développée qu’au point de vue de la chasse. C’est un spectacle très intéressant que celui d’une famille d’aigles faisant une battue pour pourvoir le nid de provisions.

Le mâle est à une centaine de mètres en l’air, immobile dans l’espace, la femelle bat les fourrés ; son vol, dans ce cas, a une mollesse d’une grande élégance, elle suit les ondulations du terrain sans efforts, passe d une colline à l’autre, descend et remonte les pentes des montagnes : puis, quand une proie apparaît, les deux époux lui sont presque en même temps dessus. Il arrive souvent qu’un lièvre qui est levé à 10 mètres de la femelle est pris par le mâle qui est à 100 mètres dans les airs. Il fond, la tête la première, lui est dessus en quatre ou cinq secondes, le prend au vol, et, s’il est dans la montagne, plonge dans la vallée avec sa charge, et la remonte ensuite il tire-d’aile à son aire.

Là se fait la curée, qui n’a jamais lieu sans discussion, malgré les charmes des liens matrimoniaux.

À part cependant ce vieux levain de férocité, qui perce constamment, la famille est parfaitement élevée, et surtout abondamment pourvue de nourriture.

Les aigles font pendant le temps de l’éducation de