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L’EMPIRE DE L’AIR.

aspects nouveaux que les évolutions des autres oiseaux ne présentent jamais.

Le pélican est dans les oiseaux ce que l’éléphant est dans les mammifères au point de vue de l’intelligence. Comme lui, une curiosité sans borne l’attire vers l’homme. Les actions de ce souverain de la création l’intéressent profondément. L’attention qu’on lui voit mettre à suivre tous les mouvements est un indice certain de sa haute intelligence.

Il n’ira pas faire comme les grands rapaces une bouderie sombre qui commencera avec sa captivité et finira à sa mort ; il n’ira pas se blottir dans un coin, ou s’immobiliser dans les regrets sans fin de sa liberté perdue ; point du tout : au bout de deux ou trois jours, si, sans le regarder, sans paraître s’inquiéter de lui, vous êtes occupé à quelque chose, il ne se passera pas une demi-heure qu’il ne soit dans vos jambes pour mieux étudier vos actions. — De temps en temps, il allongera bien encore quelque effrayant coup de bec, mais il n’y a pas à trop y prendre garde : il n’y a qu’à ne pas retirer la main, parce qu’on pourrait se couper en se frottant aux scies de ses mandibules. — Quand il remarquera qu’on ne lui riposte pas, il deviendra alors d’une famiiiarité presque importune : il entrera dans la maison comme chez lui, cherchera les puces aux chiens, volera un soulier, escamotera sans en avoir l’air une bille sur le billard ; et ne cessera même pas ses polissonneries à la nuit, car si on le laisse faire, il fera la veillée comme un bipède humain.

Au jardin, il ne faut pas songer à le faire fraterniser avec la basse-cour, il a un mépris profond pour ces volatiles impotents du cerveau ; il ne quittera