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PÉLICAN.

branches de cette grande M, figurée par son corps et ses ailes étendues. — C’est cette disposition qui lui procure son équilibre longitudinal, que sa queue rudimentaire ne pourrait lui fournir.

Son vol est magnifique, il est rarement rameur ; sitôt que le vent le permet il tourne au voilier.

L’effet que produit la masse est toujours surpre nant. Dès qu’un oiseau devient gros, pour peu qu’il ait de la surface il devient voilier ; témoin celui-ci : il a moins de surface proportionnelle que la sarcelle et cependant quelle antithèse que ces deux vols ! — Chez la sarcelle le gramme est porté par 177 mill. q. et chez le pélican par 150 millimètres carrés seulement.

En pleine action il ne tend pas un cou d’un mètre comme les oies, les cigognes et les cygnes, mais au contraire le replie comme les hérons et pose mollement la tête sur les épaules ; ce qui lui donne une tournure particulière qui est gracieuse au possible. Il a alors l’air si à son aise, il parait si commodément posé sur ses deux immenses ailes aux angles pittoresques, qu’une fois lancé il semble parcourir l’espace sans aucune fatigue.

Il est bien certainement de tous les gros oiseaux celui qui a la silhouette la plus élégante : le grand vautour est raide et semble découpé en fer-blanc, le cygne et l’oie ont l’air d’être déjà embrochés, l’aigle est rigide et tout d’une pièce ; le pélican, malgré sa lourdeur si gauche tant qu’il est à terre, une fois dans le domaine des airs, devient gracieux comme une mouetle. Les dispositions variées qu’il donne à ses ailes, la grande longueur de ses bras et de ses avant-bras fournissent à chaque instant des