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CORNEILLE.

sion contre la coquille, et s’enfuit avec son butin.

Voilà la pensée dans toute son acception ; c’est la combinaison pure et simple, la difficulté tournée et vaincue. Ceux qui nient la pensée chez les animaux auraient-ils fait mieux ? Au reste, à cette catégorie de gens qui n’observent pas, qui ne reconnaissent à l’animal que l’instinct et nient chez lui la pensée, je vais leur proposer un problème à résoudre avec leur encéphale perfectionné, apte a trancher ces difficultés de combinaison.

Quittons le monde des volateurs, et jetons un instant les yeux sur cette créature que Dieu donna à l’homme en le voyant si faible, d’après la charmante genèse de Toussenel :

J’avais en Algérie une petite ferme où j’élevais seulement des bestiaux sous la garde de bergers kabyles. — De temps en temps j’y allais coucher pour tenir mes hommes en haleine et pour dérouter les maraudeurs.

Un matin donc, que j’y avais passé la nuit, je fus réveillé par des cris qui me firent rondement sauter à bas de mon lit et me mettre à la fenêtre.

Voici ce qui causait ce remue-ménage : un veau de lait s’était échappé de son box, le troupeau était déjà ,au loin, et la bête folâtre, heureuse d’être en liberté, gambadait dans la prairie et s’en donnait à cœur joie.

Je descendis pour donner un coup de main aux Kabyles, parce que un veau qui fait de la voltige n’engraisse pas ; mais ce n’était pas chose facile de l’attraper, nous n’étions que quatre, et il nous échappait constamment.

Parmi la smala de chiens qui me suivait toujours,