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L’EMPIRE DE L’AIR.

Ils sont ci, là, sur l’arbre de la cour, dans le jardin, surveillant de leurs yeux noirs si l’occasion de commettre un larcin ne se présente pas. Qu’un pigeon sorte trop tôt de son pigeonnier, qu’un jeune chat se hasarde trop loin de l’habitation, il est aussitôt mis à mort à grands coups de bec. Qu’une ménagère oublie quoi que ce soit dehors, ce quoi que ce soit disparaît s’il brille ou s’il est aliment. — Quant aux poules, leurs œufs jouent positivement de malheur, la corneille va les voler jusque dans le poulailler.

Voulant voir de près comment ils s’y prennent pour s’emparer d’un œuf, j’en pris un jour un et le mis sur une terrasse, à la portée de mes voisins qui étaient très familiers. — Ils ne se firent pas prier. — Rien n’est plus facile pour eux, leur bec s’ouvre largement, et l’œuf y tient très bien.

Vexé de voir avec quelle facilité ils exécutaient ce que je croyais être pour eux une difficulté, il me vint une idée :

Ils prennent facilement un petit œuf de poule, me dis-je, mais je vais leur en présenter un qui demandera une autre ouverture de compas pour être enlevé.

Je pris un gros œuf de dinde, et le leur donnai. Le mâle, plus hardi que la femelle, vint, regarda ce monstre avec inquiétude, il n’en avait probablement pas encore vu de pareil, tourna autour, flairant un piège, finit par se rassurer, et chercha une combinaison. Ce travail de la pensée dura bien une minute. Enfin, poussant un croo qui devait être sûrement un eureka, il se précipita sur l’œuf, perfora d’un coup de bec, passa par ce trou sa mandibule inférieure, avec la supérieure fit pres-