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ÉTOURNEAU.

la rivière n’est pas forte, le gué est vite trouve. — Enfin nous y voilà !

C’est là qu’il faut des bottes, le sol est un marais détrempé ; il faut absolument suivre le sentier des bestiaux, et il y a de la boue jusqu aux genoux. — Quoique nous ne soyons que sur la lisière du bois, nous avons parfaitement conscience de la proximité de ce milliard d’êtres.

Avançons.

Quel curieux feuillage ont les saules de Baba-Ali ! et ces branches ! Mais au fait tout cela ce sont des oiseaux ; quelle immensité vivante ! quelle myriade d’êtres ailés !

« Ne risquons-nous rien ?… »

« Gare !… un arbre vient de casser ?… » Quel épouvantable vacarme ! nous sommes littéralement dans les étourneaux et tout couverts de fiente. Toutes ces pauvres bêtes déplacées subitement cherchent dans la nuit une nouvelle place : c’est un bourdonnement indescriptible. — Cependant, lentement, petit à petit, tout ce monde de volatiles finit par se caser, après nombre de coups de bec et force criailleries.

Mais — silence ! — Qui vient là ? — Ne bougeons pas, car il y a des panthères et des maraudeurs dans la forêt.

Ce n’est heureusement rien de dangereux. Ce sont des Arabes chasseurs ; nous allons les voir à l’œuvre.

Leurs armes sont de grandes branches enduites de glu, qu’ils promènent sur ces masses noires, sur ces grappes d’oiseaux.

C’est un chaos horrible ; toutes ces malheureuses bestioles, les ailes collées, tombent à terre en criant, essayent de remonter dans les arbres, ne peuvent y