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ÉTOURNEAU.

mettent à gazouiller. Le chant de l’étourneau est excessivement fin, c’est tout ce qu’il y a de plus délicat ; il semble chanter pour lui ; malgré cela, on les entend très bien de quatre kilomètres. Les Arabes nomment ce chant. matinal, qui emplit la contrée, la prière des zour-zour (étourneaux).

Peu d’instants avant le lever du soleil, cette musique cesse subitement ; alors se produit un effet d’optique curieux : la forêt semble s’élever ; ce sont les étourneaux qui s’envolent. — Un autre bruit se perçoit ensuite, bruit qui va en augmentant, et finit par devenir inquiétant, formidable. Il est produit par ces milliards d’ailes qui battent ensemble et font cette harmonie étrange.

Ces vols, alors, produisent de vrais phénomènes météorologiques. Ils font des éclipses totales, avec cette lumière tremblante, gris d’acier, qui est particulière à ce phénomène. — Le crépitement des ailes imite la grêle, la nuit est venue, les ténèbres ont succédé à la lumière.

On les regarde passer avec stupéfaction ! Il en passe pendant des quarts d’heure entiers, sur cinq ou six cents mètres d’épaisseur.

La fin de ce vol monstrueux va en diminuant d’opacité, elle s’égrène légèrement ; la prairie alors en est couverte : non seulement tout touchant, mais sur un pied d’épaisseur. — Ils sont là, tous, voletant, cherchant une petite place pour pouvoir boire l’eau du marais.

La masse cependant a fini par passer, le ciel s’est éclairci, les retardataires se jettent dans les troupeaux, vont, viennent, sautillent, gazouillent, font bon ménage avec les bêtes, leur montent hardiment sur