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cert enchanteur, une variété de sons infinis. Ce n’est que dans la solitude et dans la profondeur des bois qu’on peut réellement admirer et observer l’espèce d’accord ou d’ensemble du chant des nombreux oiseaux qui retentit de manière à former comme un chœur symphonique ; ainsi la voix de l’un est rarement étouffée par celle de l’autre ; on jouit en même temps de l’effet que produit l’ensemble et du charme du musicien ailé que l’on préfère. Les martins, les fauvettes, les drongos, les dominicains, répondaient aux tourterelles roucoulant au sommet des plus hauts arbres, tandis que des grues, des hérons, des martins-pêcheurs et une quantité d’autres espèces d’oiseaux aquatiques ou de proie poussent de temps en temps quelque cri rauque ou perçant.

Je me fais conduire chez le mandarin du village, qui m’accueille avec affabilité et m’offre, en retour de quelques petits présents, un déjeuner composé de riz, de poisson frais et de bananes. Je lui demande de me faciliter les moyens de visiter le mont Phrâbat, pèlerinage fameux où les Siamois vont en grand nombre adorer tous les ans le vestige du pied de « Bouddha » ; il m’offre de m’accompagner, proposition que je reçois avec reconnaissance. Le lendemain, à sept heures du matin, mon hôte m’attendait à la porte avec des éléphants montés par leurs cornacs et les hommes nécessaires à notre excursion. Le même soir, à sept heures, nous étions rendus à notre destination.

Peu d’instants après notre arrivée, tous les habitants du mont en étaient instruits, et talapoins et montagnards ne purent résister au désir de voir « l’é-