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la couronne. » Il se fit donc proclamer roi, sous le nom de Phra-Chào-Prasat-Thong. Une fois assis sur le trône, il paraît que l’usurpateur, s’y trouvant bien, ne songea plus à remplir sa promesse. Cependant le prince Chào-Fa, craignant que, s’il acceptait quelque charge dans le gouvernement, tôt ou tard, et sous quelque spécieux prétexte, son frère ne vînt attenter à sa vie, se réfugia prudemment dans une pagode, et se fit talapoin. Il se passa deux événements mémorables sous le règne de Phra-Chào-Prasat-Thong : le premier fut la guerre qu’il soutint en 1829 contre le roi laotien de Vieng-Chang ; ce monarque, fait prisonnier, fut amené à Bangkok, mis dans une cage de fer, exposé aux insultes de la populace, et ne tarda pas à succomber aux mauvais traitements qu’il endurait. Le second fut une expédition dirigée contre les Cochinchinois, par terre et par mer, et qui n’eut d’autre résultat que de procurer à Siam des milliers de captifs.

Au commencement de 1851, le roi, étant tombé très-malade, rassembla son conseil, et proposa un de ses fils pour successeur. On lui répondit : « Sire, le royaume a déjà son maître. « Atterré par cette réponse, le monarque rentra dans son palais et ne voulut point reparaître en public ; le chagrin et la maladie le minèrent bien, vite, et il expira le 3 avril 1851. Ce jour-là même, malgré les complots des fils du roi défunt, que le premier ministre sut habilement comprimer, le prince Chào-Fa quitta son monastère et ses habits jaunes, et fut intronisé sous le nom déjà connu de nos lecteurs de Somdetch-Phra-Paramander-Mahà-Mongkut, etc. J’abrège :