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cessibles cessèrent d’être un asile pour les opprimés, et se changèrent en repaires de bandits qui s’égorgeaient les uns les autres pour s’arracher leur butin.

« Un homme aussi habile que brave entreprit de mettre un terme à ce triste état de choses. Pin-Tak, Chinois d’origine, né en 1734 dans le nord du Siam, avait su obtenir, sous le dernier roi, d’abord un poste secondaire, puis celui de gouverneur de Tak, sa ville natale ; il y prit, de son chef, le titre magnifique de Phaya : de là vient le nom qu’il a gardé dans l’histoire. Il avait été appelé à une espèce de vice-royauté des provinces occidentales peu de temps avant l’invasion des Birmans ; ayant dû céder devant le nombre, il se retira sur Ajuthia ; mais s’apercevant que le gouvernement n’était pas capable de résister à l’ennemi, il se réfugia avec sa troupe à Chantaburi (Chantaboun), ville située sur le bord oriental du golfe de Siam. Il en fit le centre de la résistance à l’étranger et l’asile de braves compagnons qui désertaient les drapeaux des bandes de brigands pour les siens. Phaya-Tak se trouva bientôt à la tête de dix mille hommes, et fit des traités avec les chefs du nord et du sud-est du Cambodge et de l’Annam ou Cochinchine. Usant tantôt de ruse, tantôt de force, il s’empara des districts du nord et surprit Phaya-Nackong, le gouverneur birman, le tua et s’empara de tout le butin de l’ennemi : argent, provisions et munitions de guerre.

Toutefois, ne jugeant pas ses forces capables de résister à une nouvelle invasion qui était probable, il se décida à se retirer plus au midi et à établir le centre de son pouvoir à Bangkok : cet endroit, plus