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localité salubre pour sa résidence, arrêta son choix sur le district d’Ajuthia, et fonda la ville de ce nom, qui dès lors s’étendit et s’embellit graduellement ; sa population s’accrut non-seulement par l’augmentation naturelle, mais par l’affluence de familles du Laos, du Cambodge, du Pégou, d’habitants de la province chinoise d’Yunnam, qui y étaient amenés captifs, puis de Chinois et de musulmans de l’Inde qui y venaient trafiquer. Quinze rois de la dynastie d’U-Tong régnèrent à Ajuthia ; après quoi, le puissant souverain du Pégou, Chamnadischop, rassembla une armée nombreuse où l’on comptait des Pégouans, des tribus de Birmans et du nord de Siam, et il vint attaquer Ajuthia. Les ennemis, après un siège de trois mois, prirent cette capitale, mais ne détruisirent ni ne massacrèrent ses habitants ; le monarque pégouan se contenta de faire prisonniers le roi et la famille royale pour les emmener à la suite de son char de triomphe au Pégou ; et il laissa comme gouverneur de sa nouvelle dépendance Mathamma-rajah, dont il emmena le fils ainé comme otage au Pégou : ce fils s’appelait Phra-Naret. Ceci se passait en 1556.

« Cet état de dépendance et de soumission ne dura toutefois que peu d’années. Au milieu de la confusion que l’on vit naître à la cour du Pégou, au sujet de l’avènement d’un nouveau roi, le prince Naret s’échappa avec sa famille, et, avec l’aide de plusieurs Pégouans influents, il s’aventura à reprendre le chemin de son pays. Le nouveau roi du Pégou envoya des troupes à sa poursuite ; mais le prince Naret s’attaquant à leur chef, lui lança un de ses traits,