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cruter la troupe de ses comédiens, il vous le fait savoir, et tout bon Siamois sait qu’entendre c’est obéir.

Au sujet des caprices qui naissent comme des miasmes des profondeurs insondables où croupissent, côte, à côte, l’esclavage et l’arbitraire absolu, on m’a conté que Phra-Somdeteh lui-même, ce roi si débonnaire, ayant appris, il y a quelques armées, que le roi de Cambodge, son vassal, avait une fille d’une grande beauté, la lui fit demander, et sur le refus de ce dernier, il garda en otage les fils de son voisin, venus par hasard à Bangkok. Or, le roi de Siam n’a pas moins de six cents femmes ; qu’avait-il besoin d’une six cent unième ? Il est vrai que, dans le nombre, une seule a droit au titre de reine. Pour ce sujet encore, nous ne pouvons mieux faire que de recourir à Mgr Pallegoix : il n’est pas de meilleure autorité.

«.... Ce n’est pas la coutume que le roi demande pour reine une princesse d’une nation étrangère ; mais il choisit une princesse du royaume qui, le plus souvent, est sa proche parente, ou bien une princesse des États qui lui sont tributaires. Le palais de la reine est attenant à celui du roi ; il consiste en plusieurs grands bâtiments élégants et bien ornés. Ce Palais a une gouvernante, dame âgée et qui a la confiance du roi. C’est elle qui est chargée de tout ce qui concerne la maison de la reine ; au moyen d’une centaine de dames qui sont sous ses ordres, elle exerce une surveillance exacte sur la reine elle-même et sur les concubines du roi, qui sont des Princesses de diverses nations ou des filles de grands mandarins que leurs pères ont offertes au prince ; elle commande en outre environ deux mille femmes