Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

IV

Le second roi. — Hiérarchie et corruption des grands. — Femmes et amazones du roi.

Comme, si ce n’était pas assez pour leur malheureux pays d’avoir à entretenir et à supporter un roi, une cour et un sérail royal aux innombrables rejetons, les Siamois possèdent la doublure de toutes ces institutions. Derrière le premier roi, il y en a un second, qui, lui aussi, a son palais, ses mandarins, son armée. On lui rend les honneurs souverains, et cependant il ne remplit qu’une charge purement honorifique. Il n’est que le premier sujet du véritable roi de Siam. La seule prérogative réelle à laquelle sa haute position lui donne droit est de s’asseoir dans un fauteuil au lieu de s’accroupir devant son collègue, dont il est comme l’ombre. Il a bien le droit de puiser dans le trésor royal chaque fois qu’il en a besoin ; mais sa demande doit cependant être préalablement revêtue du visa du premier roi, qui se garde bien de le refuser jamais. On a prétendu que cet alter ego du monarque commandait ordinairement les armées siamoises, mais c’est une allégation erronée,